Aujourd'hui, mon ami habite à la poubelle. VDM [Uriel ; Sechs]

Le temps semblait avoir passé plus vite qu'à l'ordinaire cette dernière année. Il fallait dire qu'il ne cessait pas de ressasser le passé en boucle. La dernière attaque d'Etherne avait été une véritable catastrophe pour le Voile Saint en général mais encore plus pour le pauvre Uriel, bourreau d'un des membres principaux de l'excursion visant à détruire la capitale d'Eterna. Depuis lors, il ne savait pourquoi un avis de recherche circulait parmi les hautes instances de la ville ; il essuyait déjà sa huitième tentative d'assassinat, malgré tous ses efforts pour se cacher et s'effacer de la population. Il fallait dire qu'il s'était légèrement emporté lors de l'assaut. Il était tellement occupé à pulvériser sans pitié les créatures démoniaques qu'il n'avait plus porté garde à son capuchon l'espace d'une minute. Bien sûr, cela suffisait à ce que son identité soit révélée au grand jour. Désormais, il devait redoubler de prudence. C'était pour ça que ce midi, il mangerait à la décharge publique, au milieu des détritus.

Ca aurait vraiment été plus facile qu'il s'enferme au couvent et que personne ne puisse le voir à coup sûr, mais il ne pouvait laisser la population d'Etherne sans aide. Il devait soigner les pauvres blessés des taudis et s'assurer qu'aucune créature malfaisante ne trainait dans les environs. Ce dernier point était incertain mais il ne fallait pas qu'il s'en préoccupe pour le moment. Caché sous une épaisse cape en lin semblable à un sac à patate, le prêtre sortit un austère sandwich de pain et de fromage, ignorant tant bien que mal les odeurs nauséabondes de la décharge blindée. Soudain, un bruit le sortit de son repas frugal. Un bruit de métal claquant résonna dans la décharge et l'albinos chercha des yeux la source du dérangement. C'est alors qu'il vit une silhouette un peu plus loin. Il se détendit légèrement avant de se diriger vers l'inconnu. Ouf, ce n'était qu'un habitant de la ville. Du moins, ça y ressemblait de dos. La voix douce et chaleureuse du prêtre l'éleva alors.

"Bonjour, camarade, vous cherchez quelque chose en particulier ? Puis-je vous proposer mon aide ?"

C'était son devoir plus que son désir. Quelque chose semblait visuellement déranger le membre du Voile Saint sans qu'il puisse pour autant poser le doigt dessus.

Bon, ça au moins, c'était fait. Il n'y avait pas à s'étendre là dessus : demander aux étrangers qui fouillent les poubelles ce qu'ils cherchent est rarement source de discussion intéressante. Bien sûr, s'il avait eu la curiosité d'un enfant et l'inexpérience d'une personne banale, Uriel aurait très bien pu s'interroger sur les morceaux de métal qui avaient fusionné avec la chair de l'individu, mais de loin, avec sa vue défaillante et la nuit qui étendaient ses ombres, il lui était difficile de porter son attention sur un tel détail. Il aurait été d'autant plus bien trop dangereux qu'il attire à son tour l'attention de l'autre homme sur sa propre apparence. A la base, l'albinisme n'était pas quelque chose de très répandu ni accepté parmi la population d'Etherne, mais depuis l'arrivée de la nuit éternelle, la xénophobie de certains habitants s'était exacerbée au point où ils tenaient les albinos comme responsable de leurs malheurs. Les ragots des bas fonds parlaient de catalyseur nécromant avec les forces démoniaques. Un bon tas de stupidités, mais il ne valait mieux pas prendre de risque, surtout quand on a sa tête affiché dans les hauts quartiers du CDTE et du gouvernement.

Acquiesçant aux dires de l'autre visiteur, Uriel continua silencieusement de grignoter son casse croûte de fortune. Ce n'était pas le met le plus raffiné qu'il eu jamais mangé mais il appréciait à sa juste valeur le repos accordé par cette pause. C'est alors qu'un bruit se fit entendre. Simple, reconnaissable, c'étaient des bruits de pas. Le prêtre se rigidifia sur place, attendant en courbant le dos que le troisième venu s'éloigne sans faire d'histoire. Au pire, vu sa pose et ses cheveux, il le prendrait pour un petit vieux. Une minute longue comme une éternité sembla s'écouler avant que la présence ne s'éloigne. Il n'avait pas eu la foi de se retourner pour vérifier de qui il s'agissait. Sans regret. Un long soupir s'éleva de sa poitrine lorsqu'il s'étira. Il ne voulait pas forcer la conversation avec l'autre occupant des lieux, même s'il fallait avouer que rester là, sans parler, le mettait mal à l'aise. Finalement, il était temps pour lui de partir s'il ne trouvait rien à faire là. Il ne savait pas encore pour aller où mais il finirait bien par trouver une destination qui lui conviendrait. Il shoota dans une plaque surplombée de l'enseigne du CDTE avant de quitter les lieux avec la même désinvolture que lorsqu'il y était arrivé.

Citation :

Désolé du temps de réponse, je ne trouve rien de mieux à dire vu la situation... Si un détail scénaristique, une rumeur ou autre t'intéresse, n'hésite pas à l'utiliser !